Au temps où les Hommes parlaient aux étoiles, croyaient en leurs rêves,
Dansaient avec les esprits et comprenaient les animaux leurs frères,
Un arbre sacré, né de l'amour de la Terre et des larmes du ciel,  
Décida de se lever un jour, d'un sommeil éternel.  

Ses racines, tissées des anciennes histoires et des serments oubliés,
Sortirent de leur demeure et glissèrent sur le sol sacré.
Son tronc, robuste et fier, ses branches onduleuses
Portaient les cicatrices des guerres du vent, des mémoires du temps.

Les Anciens disaient : "Il marche la nuit,  
Quand la lune caresse les plaines infinies.  
Il cherche les lieux où la Terre souffre,  
Où les Hommes commencent à oublier son amour."  

Un jour, un enfant, curieux et songeur
Le suivit dans son mystérieux voyage.  
L'arbre murmura, d'une voix surgie des profondeurs
"Viens, petit frère, apprends mon fardeau ».

Ils traversèrent les montagnes endormies,  
L'arbre montra à l'enfant les blessures de la Terre,
Son ventre abusé, le Vivant méprisé,
Les rivières impures, les forêts brûlées...

"Je marche pour caresser la Terre, la guérir et l'honorer,
Pour qu'elle puisse encore croire en l'Homme et espérer.
Chaque pas que je fais est une prière,  
Pour que renaisse la Lumière première."  

L'enfant, ému, lui offrit son cœur,  
Et jura de devenir homme éclairé, gardien et protecteur.
Depuis ce jour, l'arbre et l'âme de l'homme, parti sur l'autre rivage,
Marchent toujours ensemble, connectés, libres et sauvages.

Et quand la nuit tombe, dans la tendresse du firmament,
Quelques-uns entendront ses pas racines, résonner dans l'écho du vent.
L'arbre-marcheur, chante sans voix dans le cœur des Hommes sages,
Leur rappelant inlassablement que la Terre est notre Mère, notre doux Foyer, notre Héritage.

Angie, (L'Arbre qui marchait, écrit au pied de ses arbres, juillet 2024).
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